Uluru ou les mystères d'un site sacré
Se rendre à Uluru est un parcours obligatoire quand on visite l'Australie. Cette roche est devenue un emblème mythique du pays, ainsi qu'un symbole de la réconciliation entre les aborigènes et les nouveaux australiens.
Sur place, tout est très organisé. Le site est en effet co-géré par les Pitjantjatjara, une des trois tribu aborigènes qui vit dans le centre de l'Australie depuis 40 000 ans, et le gouvernement australien. On pourrait rêver à une belle harmonie entre deux civilisations radicalement opposées dans leurs cultures. Malheureusement, nous avons rapidement pu constater l'hypocrisie de la situation, en voyant une portion de la roche, dont l'escalade, mais aussi le toucher ou la photographie de certaines parties, sont formellement interdits, recouverte de pics destinés à faciliter son ascension. Pour se donner bonne conscience, les gérants du site distribuent des brochures où il est rappelé que l'ascension traverse des portions sacrées de la roche et qu'elle n'est donc pas du tout acceptée par les aborigènes... Mais, le seul réel interdit est celui du mauvais temps. Quand le vent souffle trop fort, les rangers interdisent l'accès et distribuent des amendes aux contrevenants. Il faut dire qu'il y a déjà eu 33 morts !! On se demande bien pourquoi la tradition aborigène n'est pas respectée, tout simplement.
Le premier soir, nous venons voir le coucher du soleil sur la roche. Honnêtement, c'est absolument magique. En quelques minutes, le soleil descend sur l'horizon et le ciel se teint de multiples couleurs qui se réfléchissent sur le grès d'Uluru qui passe alors du rose, à l'ocre, du rouge à l'orange, avant de s'assombrir pour la nuit. Un vrai miracle de la nature !
Nous partons ensuite à la recherche d'un endroit pour dormir, à proximité du parc. Pas si facile dans une zone aussi touristique... Nous optons pour un bord de route un peu protégé par des buissons. Hélas, nous sommes réveillés au beau milieu de la nuit par un Ranger qui nous explique très gentiment que nous n'avons pas le droit de dormir ici. A notre grand étonnement, il nous accompagne ensuite dans un camping en nous expliquant qu'il suffit que l'on parte avant 6h00 du matin pour ne pas avoir à payer. Cela change notre regard sur la police !!!
Le lendemain, nous partons donc dès l'aube pour faire le tour de la roche à pied.
La balade dure plusieurs heures. De nombreux pans de la roche sont sacrés et interdits à la photographie. Pour chacun, une légende aborigène explique comment la roche s'est créée. La visite du petit centre culturel du parc nous a permis de mieux comprendre ce rapport à la nature que l'on sent dans les contes aborigènes. Ils possèdent un mot, le Tjukurpa, qui signifie règle, loi, message parole, langue et désigne la création de toute chose. Toute leur culture lie étroitement chacun de ces aspects et il leur est impossible de penser religion, politique ou éducation sans les relier à la nature. Aucun mot français ne peut traduire ce concept. Cela explique sans doute en partie pourquoi nos sociétés ont tant de mal à comprendre la richesse de cultures aussi anciennes que celle des aborigènes.
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